Postures de l’animateur/enseignant

Les apports potentiels de l'animation-jeu à l'enseignement de la musique - SOMMAIRE


Pour donner à chacun(e) (individu ou groupe) les moyens de jouer en autonomie (principe décisionnel inhérent au jeu), l’animateur doit, en fonction du contexte (public, objectifs, offre...), être conscient de et être capable d’adopter différentes postures (jouer avec, faire jouer, donner à jouer pour finalement laisser jouer). Chacune de ces postures exige une attention particulière de la part de l’animateur.

  • Laisser jouer : l'animateur-rice/enseignant(e) est en retrait et observe son public en jeu.
    • mise a disposition de lieux équipés et adaptés/adaptables ;
    • position de personne ressource (laisser se construire les dynamiques de jeu; n'intervenir quand cas de sollicitations ou de comportements problématiques).
  • Donner à jouer : l'animateur-rice/enseignant(e) propose des jeux à son public et lui permet de jouer en autonomie.
    • proposition de dispositifs, ou règles (motif ou grille d'impro, etc) adaptés ;
    • être force de proposition (impulser, les dynamiques; n'intervenir quand cas de sollicitations ou de comportements problématiques).
  • Faire jouer : l'animateur-rice/enseignant(e) propose et anime l'ensemble du jeu.
    • explication et direction des dispositifs (et, éventuellement, préparation de la séance en amont) ;
    • animer la séance (impulser et entretenir les dynamiques; être présent au groupe et disponible à chacun).
  • Jouer avec : l'animateur-rice/enseignant(e) entre dans le jeu et devient un joueur ou une joueuse à part entière.
    • explication des dispositifs (et, éventuellement, préparation de la séance en amont) ;
    • animer la séance (impulser et entretenir les dynamiques, être présent au groupe et disponible à chacun).
    • se mettre à égalité (s'adapter au niveau de chacun; prendre les décisions à plusieurs);
    • adopter une attitude positive/exemplaire.

On peut voir cette organisation de manière progressive (par exemple jouer avec puis faire, donner et enfin laisser jouer) mais rien n’empêche de passer de l’une à l’autre de ces postures selon les besoins. On pourrait, par exemple, imaginer un cursus organisé selon cette progression, reprendre ce schéma à chaque nouvel apprentissage, s’en servir pour valider l’acquisition de compétences…

En fait, chacune de ces postures peut présenter un intérêt à chaque stade ou type d'apprentissage. Cependant, si parfois les profs les plus "modernes" se permettent de donner à jouer en atelier, c'est surtout entre le jouer avec ou le laisser jouer que le/la professeur de musique semble osciller le plus souvent et ce, pas toujours de manière très "claire". Imaginez par exemple l'ambiance d'une séance déguisée en jouer avec pour laquelle l'enseignant adopterait l'attitude du faire jouer. Ou encore un prof qui laisserait jouer des élèves qui seraient venus pour qu'on les fasse jouer...

La "simple" prise de conscience des postures que nous adoptons inconsciemment dans nos différents exercices pédagogiques peut déjà nous donner des pistes d'évolution. Les clarifier en augmenterait l'efficacité et les diversifier permettrait de nous adapter à un plus grand nombre de situation. Cela enrichirait surtout grandement l'expérience de la musique que nous proposons à nos apprenti(e)s.

Espace d’expérimentation

La posture la plus délicate, la moins conventionnelle, la plus déroutante pour l'encadrant est sans doute le laisser jouer. Elle permet à l'apprenant d'être libre de ses propres choix (en particulier celui de ne pas jouer) mais aussi d'explorer librement une activité, de ne pas être productif, etc. autant d'attitudes que l'on refuse souvent à un élève en situation d’apprentissage et qui, paradoxalement, pourraient rendre cet apprentissage plus efficace, plus concret, plus exactement adapté à sa personnalité.

Certaines structures d’enseignement de la musique ont encore du mal à permettre l’émergence de ce laisser jouer en leur sein. C’est alors aux étudiants les plus volontaires de se débrouiller pour expérimenter "dans la vraie vie" et ce, pas toujours sans heurts.

Un espace (matériel et temporel) d’expérimentation serait bénéfique à de nombreux étudiant(e)s mais sa création peut soulever de nombreuses questions (quelle temporalité pour le cours de musique ? comment "gérer" la présence des élèves ? leur sécurité ? celle du matériel ? quel statut pour le professeur/animateur...) et reste un choix à défendre (cf. doc MDJ : "Laisser jouer"). De tels lieux existent pourtant (locaux de répétitions, SMAC, café-concerts…) mais ne sont pas adaptés à toutes les situations. Tisser et entretenir des liens avec ces "lieux" semble être une bonne stratégie, déjà adoptée par de nombreuses structures.


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