Atelier MAO & musique urbaines en milieu scolaire

 

Pour notre action EAMC, nous nous rendons dans une école primaire située dans le quartier du Tonkin à Villeurbanne. Luther y a travaillé quelques années en tant qu'animateur et connaît déjà l'école, les élèves et les professeurs. Marie, qui s'occupe d'une classe de CM2, accepte de participer à notre projet. Nous sommes heureux de proposer un atelier sur le thème des musiques urbaines et de la MAO à ces enfants. Carolyn a pu bénéficier, au même âge, d'une visite du CRA.P (centre d'art basé sur les musiques urbaines et la MAO) dans son école et en a gardé de très bons souvenirs, ce qui nous a grandement inspirés pour définir la direction à prendre.

Pendant plusieurs semaines, nous échangeons sur ce que nous voulons faire là-bas tout en en cherchant à trouver un compromis entre nos différents univers et à cibler ce qui nous semble réalisable.

Plusieurs questions émergent alors :

  • Comment créer de la musique avec une guitare sans apprendre à en jouer ?
  • Comment faire de la musique vocale et apprendre des rythmiques hip-hop à des enfants ?
  • Comment apprendre des notions de piano classique avec une classe de 30 élèves ?
Après réflexion, Carolyn décide de faire des ateliers de beatboxing avec son looper, Kévin souhaite faire de la MAO en conservant l'utilisation de la guitare, ce qui donne l'idée à Luther de faire de la MAO également avec son piano comme outil créatif.

Nous nous rendons donc à l'école de la Nigritelle-noire pour une première rencontre avec Marie afin d'exposer notre plan.
Nous visitons les lieux et définissons un planning sur 6 séances d'une heure. À partir de là, les choses se précisent pour nous et nous savons que nous allons devoir composer avec un temps limité. Cela nous conforte dans l'idée de diviser la classe en trois groupes et de prévoir aussi deux séances d'introduction tous ensemble dans la salle de classe.

Ce qui nous donne :

  • 2 séances d'introduction
  • 3 séance d'ateliers rotatifs
  • 1 séance finale de bilan
L'heure de notre première séance arrive. Nous entrons tous les trois dans la salle de classe pour nous présenter et faire connaissance avec les enfants. Nous sommes un peu stressés car nous avons l'impression de ne pas être prêts, car c'est la première fois que nous faisons ça tous les trois. Nous proposons des jeux comme le blind-test, des quiz sur les styles musicaux et des jeux de rythme sur table, le but étant de créer une première accroche et de les intéresser.

Malgré le succès de nos activités, nos transitions manquent certaines fois de rythme et laissent la classe en suspend un peu trop longtemps. Nous avons pris conscience qu'il fallait mieux gérer le timing et prendre plus de dispositions en amont sur le matériel et l'installation. Les élèves sont curieux et posent beaucoup de questions sur des mots ou expressions précises. Le temps de leur répondre empiète parfois sur ce que nous avons défini (mais c'est cool !).

La deuxième séance se déroule dans la continuité de la première et est suivie d'un mini concert où nous leur jouons quelques morceaux.
Pour la troisième séance, nous changeons de salle et découvrons l'endroit qui accueillera nos ateliers. La salle n'est pas très grande et il n'y a aucune séparation possible entre nos 3 ateliers.

Nous nous posons alors des questions sur la disposition de nos ateliers en îlots sachant que nous faisons de la musique amplifiée :

Nous décidons de placer nos installations aux extrémités de la pièce, en prévoyant de ne pas mettre le son fort pour Carolyn et Kévin, et que Luther se mette au casque.
 

DESCRIPTION DES 3 ÎLOTS :

GUITARE MAO (Kévin):

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"Pour cet atelier, chaque élève venait enregistrer sur un logiciel d’édition à partir de pistes d’instruments virtuels tels que le clavier, la basse et la batterie.
Il y avait également une guitare électrique à disposition qui était branchée à une carte son avec diverses pédales d’effet pour créer des ambiances sonores ainsi qu'un bottleneck.

Pour faciliter la prise en main de l'instrument, celui-ci a été accordé en accordage ouvert de sol, c'est-à-dire que toutes les cordes à vide forment un accord majeur.
Chaque élève devait enregistrer entre 16 et 32 mesures en ayant le choix d'utiliser le clavier MIDI et/ou la guitare. Ensuite, les séquences étaient mises bout à bout pour former un morceau que l'on faisait écouter à tout le groupe en fin de séance."

PIANO MAO (Luther):

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"Les enfants avaient à leur disposition un clavier midi équipé d'un arpégiateur et de pads pour le rythme. Le tout était connecté à Ableton Live pour contrôler les instruments logiciels. Ces derniers avaient été préalablement sélectionnés et positionnés, tels que le piano, la batterie et des synthétiseurs électroniques.
À tour de rôle, les enfants enregistraient un court morceau de 30 secondes. Ils choisissaient l'instrument qu'ils voulaient, l'expérimentaient et après quelques minutes d'essais, ils enregistraient leur composition. Afin de corriger le rythme et synchroniser les pistes, les morceaux étaient ensuite quantifiés*.
Les enfants travaillaient avec un casque audio."

BEATBOX LOOPER (Carolyn):

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"Cet atelier consiste à mettre en pratique le beatbox par la production de sons en a cappella et l'utilisation de la Boss RC 505. C'est une machine qui permet de contrôler facilement du bout des doigts cinq pistes de lecture de boucles, avec un choix d'effets d'entrée qui offre un large éventail d'options de traitement en temps réel. L'atelier disposait d'enceintes de monitoring branchées au looper avec un micro branché sur celui-ci. Dans un premier temps, l'idée était d'identifier les 3 sons de base d'une batterie à l'aide d'une fiche ressource distribuée aux élèves. Nous avons pris connaissance des éléments sonores de la batterie (grosse caisse, caisse claire et charleston) et appris leur traduction en anglais (kick, snare, hi-hat). Nous avons essayé différentes rythmiques de batterie. Dans un deuxième temps, nous avons appris à reproduire les sons de la batterie avec les onomatopées du beatbox: (Poom = grosse caisse, Ka = caisse claire, Ts = charleston). Nous avons appris différentes phrases de beatbox afin de les mémoriser.

Phrase 1 : "pose ta capuche t'as qu'à poser ta capuche"
Phrase 2 : "la politique se cache"

Ces phrases leur ont permis de se mettre dans un engagement percussif à travers les mots. Dans un troisième temps, les élèves se sont mis en situation avec le micro et ont enregistré des boucles de beatbox dans le looper afin d'obtenir une archive de leur apprentissage."

DÉROULÉ DE LA DERNIÈRE SÉANCE :

L'avant-dernière séance n'a pas pu avoir lieu en raison d'une absence. Nous avons décidé de maintenir notre programme pour la dernière séance, c'est-à-dire de présenter la séance bilan sans avoir fini les rotations. Cette séance a pour but de réunir nos trois activités pour une présentation finale devant l'ensemble de la classe dans un esprit de partage et d'improvisation. Les enfants ont le choix de passer ou non sur les instruments de leur choix pour improviser ensemble. S'en suit une discussion ouverte avec les enfants sur leur ressenti, ce qu'ils ont aimé ou non. Les enfants ont aimé vivre cette expérience, et la maîtresse nous a également fait certains retours, notamment sur le fait qu'il est très important pour les enfants de cet âge de se tenir au plan prévu. Marie aurait préféré que nous finissions les rotations plutôt que de faire cette séance car tous les groupes d'enfants sont passés sur deux ateliers parmi les trois, ce qui peut créer une forme de frustration. Elle nous a également remerciés pour notre investissement et nous a dit qu'elle serait prête à renouveler cette expérience. De notre côté, nous sommes également satisfaits de cette première expérience en milieu scolaire.

RETOUR D'EXPERIENCE : 

A la suite de cette expérience nos sentiments sont partagés entre de la fierté de transmettre un apprentissage et le sentiment que tout va trop vite. Elle nous à en tout cas permis de nous inspirer pour la suite de nos carrières de professeurs dans nos domaines respectifs.

Si c'était à refaire, nous aimerions disposer de plus de séances afin de voir l'évolution des élèves en allant au-delà de la simple initiation. Des séances plus longues (minimum 2 heures) seraient également appréciées, ainsi que plus de matériel (plusieurs salles isolées acoustiquement, PC, claviers, casques, micros, etc.) pour faire participer plus d'élèves en même temps et gagner en efficacité.

Kévin : "Cette expérience m'a donné envie d'intégrer une approche liée à l'impro libre dans mes prochains cours de guitare. J'espère pouvoir apporter cette ouverture musicale à mes élèves et leur montrer que la créativité ne dépend pas uniquement des qualités techniques ou théoriques sur l'instrument."

Carolyn : "Cela m'a donné l'envie d'apprendre à travailler avec un grand groupe : profiter du collectif pour créer de nouveaux concepts tels que des battles de beatbox, un orchestre vocal urbain à partir d'outils tels que le looper. J'aimerais également proposer des ateliers de création musicale en lien avec la culture très étendue des enfants, comme j'ai pu le remarquer lors des deux premières séances."

Luther : "Suite à cette action, je me rends compte qu'il est tout à fait possible de varier les apprentissages que je pourrais enseigner. C'est également pour moi une première expérience de cours en groupe. Cela m'a permis de me rendre compte que la MAO est une porte d'entrée intéressante et très motivante dans l'apprentissage de la musique. Cela me pose la question d'ajouter à l'apprentissage du piano la MAO afin que ces deux pratiques puissent s'enrichir mutuellement."

Voici ci dessous un lien vers un montage vidéo réalisé à partir du concert à la fin de notre  dernière séance :

 ici

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