Autodidaxie, autoformation

L’autoformation ou l’autodidaxie est un phénomène ancien, il était le seul mode d’apprentissage quand les institutions dédiées à cela n’existaient pas encore.  Il y a une corrélation étroite entre la naissance du mot “autodidacte“ et le livre imprimé dès le XVéme siècle. Mais le concept d’autodidaxie est devenu objet d’étude seulement depuis le 20ème siècle. 

Quelle est l’origine linguistique du mot autodidacte? Selon le “Dictionnaire historique de la langue française”, le Robert :
   Didactique : emprunté en 1554 au grec tardif “didaktikos”, qui signifie “propre à instruire”, “relatif à l’enseignement” de “didaktos”, adjectif verbal de “didaskein” , “enseigner, faire savoir”.
   Auto : du grec “autos”, qui signifie “le même, lui-même, de lui-même”, mot d’origine incertaine.
   Autodidacte : (1580) “qui apprend sans maître”, est  pris au grec “autodidaktos”.

Le mot “ autodidacte “ apparaît sur un texte de L. Joubert en 1580, en France. Il est né de deux termes : didactique et autonomie. Quand au mot “formation”, d’après le Centre national de ressources textuelles et lexicales, c’est l’action de former,  le fait de se former ou d'être formé. C’est plus précisément  le fait de développer les qualités, les facultés d'une personne, sur le plan physique, moral, intellectuel ou de lui faire acquérir un savoir dans un domaine particulier. Vous constatez déjà que nous employons les deux termes, il n’y a pas de consensus concernant ses concepts et ils sont parfois distingués et parfois confondus.

I Histoire, travaux contemporains et courants de l’autoformation dans le monde 

1) Histoire

Avant que l’autodidaxie soit nommée comme telle, on se retrouve face à l’idée qu’elle a toujours existé: 
Dès l’origine des premières découvertes, fondées sur des observations systématiques de la nature,  l’homme est dans une forme d’autodidaxie de nécessité.
Parallèlement à l'apparition de l'écriture, les premières mathématiques utilitaires naissent à Sumer (IVème millénaire avant JC). Les hommes qui font ces premières inventions sont autodidactes, mais ils sont minoritaires.
 

Chaque génération va ensuite toujours plus loin grâce à la transmission par l’écrit.

Exemple de Léonard de Vinci
“A la fois peintre, sculpteur, philosophe, ingénieur, urbaniste, botaniste ou anatomiste, Leonardo da Vinci nous a laissé plus de 6.000 pages de notes et de dessins contenant des centaines d’inventions et d’expériences dans des disciplines très variées. [...] Leonardo da Vinci s’inspire de nombreuses démarches anciennes et contribue ainsi à façonner l’avenir.”

Pour Gaston Pineau le mot naît sous la Renaissance, où se manifestent déjà des oppositions à l’enseignement général. 

Condorcet (XVIII ème) est le premier français à introduire l’autodidaxie en milieu scolaire. Selon lui, le rôle essentiel du maître est de développer l’autodidaxie pour que l’instruction ne s’arrête pas à la sortie de l’école.
L’ouverture culturelle visée doit compenser l’enfermement dans le travail qui vient de s’industrialiser: taylorisme (organisation de la division du travail) = aliénation de la conscience ouvrière. Son projet d’instruire le dimanche les mères et pères de familles ainsi que les écoliers, présenté à l’assemblée nationale en 1792 ne sera pas retenu.

Apparaissent des idées nouvelles et parfois utopiques : 
Le “phalanstère” du philosophe Charles Fourier : une société découpée en phalanges où chacun pourrait apprendre librement, une éducation par le plaisir, apprendre ce qu’on aime avec ceux qu’on aime. 
Paul Robin montre l’ exemple de l’ orphelinat de Cempuis de 1880 à 1894, établissement mixte où chacun pouvait choisir librement ses ateliers et son orientation selon ses goûts et non selon le niveau scolaire.

2) Courants du XXème siècle

Dans les années 40, Peuple et Culture, réseau d’association d’éducation populaire fondé par Dumazedier et Cacéres, milite pour une éducation permanente à tout âge : il conseille de profiter des temps de loisirs pour s’autoformer avec un but “Rendre la culture au peuple et le peuple à la culture.”
Il faut attendre les années 60 pour que des chercheurs s'intéressent à ce domaine. L’autodidaxie reste marginal, il est dégradant ou “mal vu“ d’être en marge des institutions éducatives.

C’est là que l’UNESCO définit deux types d’autodidaxie:
- aristocratique: choisie, minoritaire, individuelle, et limitée
- prolétarienne: imposée par la condition sociale du sujet, par ses conditions de vie, considérée comme la seule alternative.

Philippe Carré propose 5 planètes dans une galaxie de l’autoformation assez représentatives de l’ensemble des recherches menées sur le sujet, sur lesquelles nous pouvons nous appuyer.

a- L’autodidaxie intégrale (également courant extra-scolaire)
Apprendre hors des systèmes éducatifs formels
Contrairement à Condorcet, Illich ("Une société sans école") mise sur une autodidaxie en dehors des institutions éducatives. Selon lui, la majorité de nos savoirs ne provient pas de l’école ; “on apprend à tout moment sans forcément en être conscient.“

b-L’autoformation existentielle (courant développemental)
S’autoformer, c’est produire sa vie. 
La formation est comme une fonction de l’évolution humaine, que l’on soit autodidacte « de luxe » (se consacre à l’activité dans le temps de loisir : hobby qui déconditionne de la fonction uniquement professionnelle) ou bien autodidacte par nécessité (de formation initiale minime, il doit tout apprendre par lui-même pour s’en sortir économiquement et culturellement.)

c- L’autoformation sociale ou organisationnelle
Groupes organisés, entreprises, syndicats, associations, animations socioculturelles. C’est apprendre dans et par le groupe social.
On rejoint l’idée de l’autodidaxie « initiatrice », le courant socio-culture qui défend l’idée qu’il faut mieux s’autoformer pour mieux vivre. 

d- L’autoformation psychologique/cognitive
Elle concerne les stratégies d’apprentissages, l’aspect cognitive (apprendre à apprendre).
Dans les années 80-90 l’étude de l’autodidaxie s’intéresse à un contexte plus collectif.
Georges Le Meur se penche sur le monde du travail.
Philippe Carré relaye les travaux des équipes de recherche et praticiens Outre-atlantique.
Allen Tough estime que nous sommes autodidactes à partir de 51% d’indépendance par rapport à une institution.
Lucy Guglielmino mesure la tendance à s’autodiriger dans l’apprentissage (self-directed-learning-readiness-scale).
Malcolm Knowles travaille sur l’apprentissage autodirigé.
Stephen Brookfield étudie le terme “self-directed-learning”.
Huey Long va construire une théorie d’apprentissage autodirigé en mettant en avant le contrôle psychologique…

e- L’autoformation éducative
Il s’agit de l’ensemble des pratiques pédagogiques visant à développer ou faciliter les apprentissages autonomes. (Enseignements à distance, centre de ressources…)
“Apprendre à être“ Edgar Faure (années 70) : une nouvelle forme d’apprentissage en milieu scolaire où l’élève est au centre du dispositif.
Hélène Bézille avec l’autodidaxie réparatrice, pour compenser une scolarité déficiente ou inexistante. Elle distingue aussi l’autodidaxie éducative : elle regroupe toutes les méthodes d’enseignements valorisant l’auto-apprentissage et favorisant l’autonomisation de l’élève.

II Portraits et pratiques de l’autoformation 

1) Qui est autodidacte?

L’autodidacte peut être celui qui s’approprie le savoir-faire des autres par lui -même, ou celui qui a déjà un savoir et qui le pousse plus loin. 

L’autodidaxie se manifeste dans :
- l’écoformation : observer et vouloir comprendre les phénomènes de la nature
- l’aspect social : tout ce qu’on peut appeler le système D, le bricolage, l’entraide, ce qui se fait dans l’intimité sociale (ex: faire des démarches administratives)
- les situations de transition, rupture/crise sous différentes formes (ex: adolescence, passage des « 40 ans » avec remise en question, séparation/divorce, décès, problème de société/guerre…
- la production d’une oeuvre, sortir des sentiers, exister
- l’invention : générer une invention scientifique, déposer un brevet pour pallier un manque sociétal
- l’appropriation d’un domaine : pour soi, ou pour le transmettre à d’autres (ex: apprendre à jouer d’un instrument de musique, lire des documents, regarder des documentaires, se rendre à des conférences, apprendre la peinture…)

Chaque individu semble devoir passer par l’autoformation à un moment ou un autre de sa vie, avec pour condition, de ne pas rester seul et être capable de trouver les sources pour ne pas tomber dans l’égoformation (Pineau) et l’aliénation permanente... d’où l’importance d’apprendre à apprendre.

2) Quelles seraient les qualités requises de l’autoformation?

Le pilier principal est de savoir qui l’on est, car l’autodidacte part d’un état des lieux effectué sur lui même de manière inconsciente ou consciente, et il en découle des envies. L’autoformation nécessite d’avoir conscience de ses propres envies, et d’être en mesure de définir ses besoins et les moyens à mettre en oeuvre pour y répondre.

Pour Nicole Tremblay, elle correspond à :
- une nature indépendante et autonome
- avec un besoin de liberté d’action
- le respect d’un rythme personnel
- le fait de pouvoir utiliser rapidement l’expérience et les nouvelles connaissances 
- occuper ses temps libres
- prouver qu’on est capable d’être son propre maître

D’après Gaston Pineau, c’est un moyen de réalisation personnelle qui nécessite une présence active et imaginative.
Les qualités requises ne seraient-elle pas tout simplement : observer, écouter, toucher, sentir, vouloir comprendre…

3) Portraits d’autodidacte

"L'autodidacte possède [...] une candeur par rapport au savoir qui lui permet de sortir des sentiers battus soit en prenant des initiatives impromptues soit en osant des sauts logiques devant lesquels un savant chevronné hésiterait parce qu'il se sent gêné par les implications qu'il est capable de prévoir." (Frijhoff Willem)

A. De nos jours
L’autodidaxie est mise en avant dans le monde de l’entreprise : Ces patrons autodidactes qui ont reussi sans diplome

Elle est favorisée et mise à portée de tous : Fun Mooc

Journal de la Comm. de communes de l'Ouest Rhodanien, avril 2019

B. Et avant… 
L’autodidaxie a toujours existé et en tous lieux. En effet, chaque invention, chaque progrès est né d’un besoin de la société ou de l’envie d’un individu, que ce soit pour l’invention de l’écriture ou la peinture rupestre. Cependant de nombreux personnages se sont illustrés par une activité autodidacte hors du commun.
L’ inventeur prolifique: Thomas-Alva Edison, l’homme aux 1000 brevets
Le savant fou du XXéme siècle: Thomas Midgley
L’architecte: Frank Lloyd Wright
Le scientifique: Ampère
L’inventeur atypique et original du XXème siècle: Roland Moreno

C. Les autodidactes sont aussi entre autre:

  • Les usagers d’une bibliothèque/médiathèque 
    Frank Zappa a dit : “Abandonnez l’école avant que vos esprits pourrissent de l’exposition à notre système éducatif médiocre, oubliez les profs et aller à la bibliothèque pour vous éduquer vous même si vous avez des tripes“.
    On assiste aujourd’hui à un questionnement de cette structure sur l’autoformation et la mise en place de moyens pour les usagers "Colloque sur le rôle des bibliothèques dans l’autoformation."
    Edward Deci et Richard Ryan : "les individus s’engagent d’autant plus facilement qu’ils se sentent libres de conduire les actions qu’ils ont à mener."
    Ce qui explique pour partie le succès de la notion d’autoformation dans les bibliothèques. Parce qu’on ne contrôle pas les présences.
  • Les auto-entrepreneurs : ce statut demande d’autres compétences , la recherche de clientèle, gestion financière, étude de marché…
  • Ceux qui vivent en communauté

Pour conclure, d’une manière générale, toute personne qui apprend en dehors des institutions est autodidacte.

III Et dans la musique? 

1) Quelques bribes d’histoire 

Dans les années 1950, le plus ancien vestige d’écriture musicale, une tablette d’il y a 3400 ans est retrouvée en Syrie.

Concernant la musique classique occidentale, elle devient accessible avec le développement de l’imprimerie et facilite l’accès à tous. 
Plusieurs “méthodes” (manuels en papier) sont publiées à partir de mi-XVIème. Au début, comme celle de Ganassi pour la flûte en 1535 et celle d'Ortiz pour la viole en 1553, il s’agit plutôt de recueils de partitions (exemple des ornementations) destinés aux amateurs de musique, qui n’ont pas forcément de  professeur.
On peut se demander si le fait de savoir lire la musique facilitait du coup l’apprentissage autonome. 

Dans les méthodes du XVIIIème siècle, on peut trouver des commentaires concernant l’enseignement et les outils didactiques. Elles sont plus “le manuel pour ceux qui n’ont pas les moyens d’avoir des conseils”. 
Apprendre sans maître est mal perçu : Essai d'une méthode pour apprendre à jouer de la flûte traversière

C'est un grand avantage pour celui, qui veut s'appliquer avec utilité à la Musique, si dès le commencement il tombe entre les mains d'un bon Maitre. Il se trouve des gens qui donnent dans le mauvais préjugé de croire, |qu'il n'est pas nécessàire d'avoir d'abord un bon Maitre, pour apprendre les éléments. Ils prennent par épargne celui qui est à meilleur marché, & ainsî pour l'ordinaire un Maitre qui ne sait rien lui-même. C'est alors un aveugle qui montre le chemin à un autre. Je conseille tout le contraire. Il faut dès le commencement prendre le meilleur Maitre qu'on puisse trouver, dût-on payer deux on trois fois plus qu'aux autres. Il en coûtera moins dans la suite : & on épargne & du temps & de la peine. Avec un bon Maitre on avance plus dans un an, qu'avec un mauvais en dix ans. (Extrait de Johann Joachim Quantz, Essai d'une méthode pour apprendre à jouer de la flûte traversière (1752), Chez Chretien Frederic Voss, p.32 de l'introduction)

La méthode est là pour compléter les enseignements lorsqu’ils ne peuvent être poussés, mais il est important d’acquérir les bases correctement, avec un maître.

Par ailleurs Louis XIV crée “l’Académie royale de musique” en 1669, puis en 1795 naît le Conservatoire de la musique à Paris. 

2) Les outils

Les supports ont changé, les vinyles ou cassettes demandaient à l’apprenant d’écouter et de reproduire sur leur instrument ce qu’ils entendaient. Encore avant, les partitions demandaient d’apprendre à lire la musique. Aujourd’hui les vidéos peuvent faciliter l’apprentissage d’un morceau.
Les nouvelles technologies décuplent les capacités à apprendre, les accès aux savoirs. 
Toutefois, comment garantir la véracité de ce que nous trouvons?

Diverses ressources:

  • les disques (etc., support pour écouter la musique)
    Pouvent être le point de départ de l'apprentissage d’instrument en autodidacte car on part de ce qu’on connaît et ce qu’on aime.
  • les tablatures
    Sont présentes pour le luth, la guitare, l’orgue, également pour les cordes. 
  • les méthodes (cahiers et DVD pédagogiques)
    La méthode (manuel, guide) est une ressource quasi omniprésente, utilisée tant au sein de l’enseignement institutionnalisé que dans un cadre d’auto-apprentissage. Ces trente dernières années les formes ont bien évolué, avec l’intégration de support CD, DVD, lien à télécharger pour l’enregistrement ou la vidéo et les applications. 
  • les magazines 
    L’abonné reçoit chaque mois le magazine de musique avec des partitions avec conseils. 
  • les vidéos et tutoriels sur internet
    Souvent réalisées par d’autres auto-apprenants pour partager. Il y a une vraie dimension d’échange et de solidarité dans la communauté d’autodidactes sur internet.
    Aujourd’hui, de plus en plus de professeurs (y compris travaillant dans les conservatoires) utilisent cette ressource qu’ils mettent à portée non seulement de leurs élèves mais aussi du plus grand nombre (musiciens amateurs, mélomanes…)
  • - les application
    guide, gadget, quizz…avec un fort aspect ludique

3) Mélange entre autodidaxie et cours/formation

Dans la musique, il y a des gens qui choisissent la voie de l’institution (conservatoire, école de musique, cours particulier) et d'autres qui choisissent la voie de l'autodidaxie : ça dépend du domaine de la musique (classique, folk) et de l’instrument (courant, rare). C’est peut-être lié à l’importance des diplômes, des raisons sociales et les réseaux professionels.

Voici quelques exemples du mélange entre l’autodidaxie et la formation :
Ateliers entre les autodidactes, créer des groupes de musique en dehors des institutions (pratiques collectives hors les murs), quand les élèves apportent un morceau choisi par eux en cours, s’investir dans des projets sur le territoire sans le professeur référent (demandé par les institutions), jouer pour les fêtes de famille...

​4) La limite de l’autodidaxie

1. Un apprentissage inégalitaire
Les périodes d’apprentissage autodidacte sont particulières : après le travail (tardif), pause midi ou dans le transports en commun (court), etc. En effet, des périodes hachées et entrecoupées très régulièrement ne sont pas appropriées pour un apprentissage.

2. Solitude
De nombreux apprenants se retrouvent seuls. L’apprentissage n’arrive souvent pas à son terme. En effet, il est impossible d’imaginer apprendre seul. Le danger est de s’enfermer dans sa solitude en s’imaginant tout puissant et s’opposant à la tout-puissance imaginaire des autres (egoformation).
La détresse de certains musiciens autodidactes qui demandent conseil, est bien visible sur les réseaux sociaux et les forums : Quelle méthode choisir, quelle tablature jouer, quel instrument choisir ?“ 

3. Perte de temps et risque de prendre de mauvaises habitudes qui freinent l’apprentissage
L’apprentissage autodidacte se faisant de manière heuristique, l’apprenant passe beaucoup de temps à chercher des informations ou faire des erreurs. Ce peut donc être plus long que l’apprentissage institutionnel, dans lequel l’enseignant-ressource accompagne les élèves dans leurs expérimentations, les guide, leur apprendre à apprendre, et d’une certaine manière, à être autodidactes.

IV Quelques questions pour approfondir

- L’école fait-elle obstacle à l’autodidaxie?
Avec la scolarité commune à tous, l’autodidaxie d’hier n’est plus la même car nous avons “des schémas d’apprentissage” en référence. Selon Dumazedier, l’autodidaxie est plus importante dans les pays où l’enseignement est obligatoire, cette dichotomie est due au fait que les savoirs scolaires ne se renouvellent pas suffisamment. 

- Quelles sont les représentations de l’autodidaxie dans notre monde actuel?
Un individu autodidacte est potentiellement mal vu, car il peut représenter un “danger“ pour la société dans le sens où s’il est en marge des institutions, comment rentre-il dans le cadre demandé par la société dans laquelle il vit? Si chacun fait ce qu’il lui plait, difficile de diriger, crainte (justifiée) de désordre et risque des dérives…  d’où peut être la nécessité de l’état de se pencher sur ce phénomène d’autoformation et d’en faire quelque chose qu’il s’approprie afin de garder un oeil sur les citoyens.

- Motivation de l’autodidacte
Les sources de la motivation ne sont-elles pas issues que de l’éducation que nous avons reçue ? 

- Autodidaxie et rupture
Pourquoi l’autodidaxie se révèlerait-elle aussi quand les personnes sont en rupture avec un élément de leur vie? Peut-être parce que là, elles sont déjà en instabilité et se prennent en main sans se poser la question d’être capable ou pas, c’est juste une réaction normale de survie, comme les premières recherches et inventions pour comprendre le monde, sur lesquelles tout est basé.

- Rôle du professeur pour encourager un élève à être autodidacte
Est-il important d’aider l’élève à développer sa capacité critique pour l’amener à être autodidacte?

Conclusion

L’autodidaxie et l’autoformation sont des concepts mouvants. Il en ressort que l’on est autodidacte ou que l’on s’autoforme sous conditions.
L’autoformation semble naître de la rencontre entre l’envie d’un individu, et un besoin/un manque de la société. 
L’autodidacte n’est pas asocial, au sens qu’il participe à la vie de la société, mais d’une façon qui lui est propre, en marge de ce que proposent les institutions.

Après nos recherches, nous rejoignons en partie l’idée de Yvan Illich selon lequel “Nous apprenons tous, tous les jours même sans en prendre conscience“.
L’autodidaxie est inhérente à la nature humaine, elle est liée au besoin de comprendre le monde, de mieux s’intégrer à lui. Elle se nourrit du savoir préservé ou conservé par les institutions (écoles, monastères, église...)

Conclusion du séminaire franco-québécois sur l’autoformation :
“Pour favoriser l’autonomisation de l’homme, dire que nous devons conserver l’école, changer ses modes de travail pédagogique et/ou andragogique (s’il existe une rupture), encourager une praxéologie (science de l’action humaine) et l’inclure dans une formation permanente, relève pour nous d’une évidence“.

Conclusion de la thèse de Thierry Ducrot sur l’autodidaxie en Segpa :
“ La société actuelle nous demande d’être de plus en plus performant, efficace, se former, se spécialiser, etc… L’école ne peut transmettre tous ces savoirs, les sociétés et entreprises ne peuvent pas toujours financer des stages/formations. Reste une seule solution, être autodidacte.

 

Bibliographie

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DUCROT Thierry, "L'autogestion pédagogique en SEGPA, une voie pour l'autodidaxie", 2013, disponible : https://www.theses.fr/2013PEST0010

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MOISAN André et CARRE Philippe, "L’autoformation, fait social ? Aspects historiques et sociologiques", L’Harmattan, 2002

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TREMBLAY Nicole, "Apprendre en situation d’autodidaxie", Montréal, PUM, 1986

TREMBLAY Nicole, "L’autoformation : Pour apprendre autrement", Presses de l’université de Montréal, Montréal, 2003, Disponible : http://books.openedition.org/pum/10734

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