Sur le modèle de l’orchestre à l’école, un tout jeune ensemble instrumental
En septembre 2015 la communauté commune de Beaume Drobie vote la compétence culturelle. Sur ce la DRAC les accompagne dans cette décision en donnant une subvention concernant l’éducation artistique et culturelle. La communauté de communes réunie tous les acteurs culturels du territoire quelle reconnaît et les convoque de manière assez large (bibliothèques, Festival de Labeaume en musique, écoles de danse, école de musique, association Sentier des lauzes autour du patrimoine).
Le sujet de cette réunion est d’imaginer un projet innovant. Cela fait quinze ans que j’imagine de nombreuses solutions et projets pour que l’école de musique de Joyeuse survive mais ça ce n’est pas assez innovant. Alors j’imagine le projet Jeune Ensemble Musical au collège (JEM). Ce projet se rapproche des orchestres à l’école présents dans les cours de musique au collège. L’idée est de toucher par le biais du collège les élèves qui ne font pas de musique en extra-scolaire. Sachant qu’il n’y a qu’un seul collège dans la communauté de communes celui-ci me paraît un terrain idéal.
Ce projet d’orchestre, qui s’étale sur une année autour de la musique colombienne, fait appel à des artistes colombiens qui pratiquent cette musique. Mais une correspondance est aussi prévue avec un collège colombien qui enseigne le français afin de travailler sur la transversalité avec les classes d ‘espagnol, de français et de géographie.
Après plusieurs réunions le projet est plutôt bien accueilli par la communauté de communes. Le proviseur est enthousiaste et prêt à modifier l’emploi du temps ainsi qu’à libérer des salles pour réaliser le J.E.M. Tout se passe pour le mieux. Depuis le début du projet je suis en correspondance avec le professeur de musique qui n’est pas opposé au projet.
Cependant, à mesure que le projet se concrétise avec l’ensemble des acteurs, le professeur de musique devient moins disponible voire absent des réunions et finit par bloquer toute investigation. Le prétexte est que cette classe orchestre nuit au programme donc il me dit qu’il n’a pas le temps de suivre un tel projet.
Suite à cet événement je découvre l’univers de l’éducation nationale de manière un peu brute. Le proviseur m’a proposé de contourner le problème par la classe d’espagnol. Cependant, le programme, pour le coup, est essentiel donc il y a moins de marge de manœuvre sur la disponibilité des élèves en espagnol. Même si selon le proviseur la réforme des collèges favorise ce genre de chose cela reste une solution de recours qui ne me paraît pas idéale.
Ça confirme les réflexions posées ci-dessus. Pour réaliser un projet il faut que tous les acteurs soient impliqués par celui-ci. Dans le cas présent ce ne sont pas les politiques qui sont les commanditaires, ni la structure de l'établissement qui est favorable et prête à faire un changement structurel. De plus, le projet n’est même pas arrivé aux oreilles des élèves qui sont quand même le centre de tout ça. Cette expérience interroge sur le rôle et le pouvoir de chacun des acteurs à faire évoluer les choses. La moindre idée reste fragile. Comment est-ce possible qu’un seul élément verrouille tout un territoire dans un espace public qui paraît idéal : le collège ? Pour le cas présent on est en droit de s’interroger sur la pertinence et l’intérêt du prétendu programme.
Depuis longtemps plusieurs politiques culturelles se sont succédées et ont subi des évolutions qui parfois se complètent. Mon expérience prouve que malgré les volontés de chacun un projet reste fragile. En effet, si la totalité des acteurs ne se sent pas concernée par le projet cela ne peut aboutir. Dans le cas cité ci-dessus quel levier est utilisé pour rendre les choses possibles ?
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